Depuis quarante ans, plusieurs approches de la substitution ont été développées et certaines d’entre elles présentent des similarités. Ce sont les Danois qui ont été les précurseurs dans ce domaine en s’appuyant sur un règlement de 1982 stipulant « qu’une substance ou un matériau qui peut constituer un danger ou affecter de façon négative la sécurité ou la santé ne devrait pas être utilisé s’il peut être remplacé par une substance sans danger ou moins dangereuse ». En effet, Filskov et coll. ont formulé en 1989 une procédure en sept étapes dont l’objectif principal était la protection des travailleurs (4), (5).

La procédure danoise consiste en premier lieu en l’identification du problème c’est-à-dire formuler de façon précise le problème à résoudre notamment les raisons pour lesquelles l’on veut éliminer une substance particulière. En deuxième lieu, il s’agit d’identifier les solutions de remplacement qu’elles soient des produits de rechange ou des procédés de substitution. La troisième étape consiste à évaluer les conséquences de l’implantation des différentes options, lesquelles sont ensuite comparées avec la solution originale dans l’étape quatre. L’important étant de rassembler l’information la plus complète possible sur les propriétés pertinentes des substances et procédés du point de vue de la santé et de la sécurité du travail, de l’environnement, de l’efficacité technique et des coûts. Le choix potentiellement complexe d’une solution particulière parmi une série d’options (étape 5) va dépendre de la qualité et de l’exhaustivité de cette information et des critères que l’on a pu choisir à l’avance pour déterminer les priorités parmi les divers facteurs cités. Les étapes subséquentes (6 et 7) impliquent l’implantation puis l’évaluation de la substitution. L’implantation peut être effectuée de façon progressive suite à des essais et projets pilotes. L’évaluation doit porter sur l’ensemble des facteurs cités au départ et assurer qu’une amélioration sensible a été obtenue pour les paramètres recherchés (santé au travail, environnement).

Plusieurs démarches découlant de la méthodologie de Filskov et coll. décrite précédemment ont par la suite été publiées. Elle a notamment été reprise par le Health and Safety Executive britannique (8). Des directives assez similaires ont été formulées par l’Autorité norvégienne de contrôle de la pollution (Oslo) afin d’aider et d’encourager les entreprises à évaluer les substances chimiques qu’elles utilisent. Le principe de substitution y est une exigence réglementaire depuis janvier 2000. Par ailleurs, Bégin et Gérin, les auteurs du présent site Web, se sont inspirés d’une revue de la littérature et de l’expérience de Callahan et Green (3) pour élaborer en 2001 une démarche de substitution, proche des précédentes, qui a été validée par des cas concrets de substitution de solvants en entreprise. Il s’agit de la démarche en neuf étapes faisant l’objet principal du site Web Solub. Cette méthodologie a été reprise en 2007 par l’Institut national de recherche et de sécurité en France (9).