La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a publié en octobre 2023 un rapport d’accident du travail mortel impliquant un travailleur utilisant un système d’adhésifs à base de solvants inflammables. Il s’agissait de coller une pellicule de caoutchouc naturel de 6 mm d’épaisseur sur la surface intérieure (32 m2) d’une boîte de distribution en acier destinée à l’industrie minière. Pour cette tâche, le travailleur devait appliquer successivement au pinceau et au rouleau trois préparations adhésives : Chemlock 289 (apprêt), Chemlock 290 (adhésif), Chemlock 286 (ciment) contenant notamment du toluène, du xylène et de la méthyléthylcétone. Les trois préparations adhésives ont de faibles extraits secs, des points d’éclair entre 0 et 6 0C et des limites inférieures d’explosivité (LIE) d’environ 1 %. 

Le rapport de la CNESST indique que l’accident s’est produit lorsque l’adhésif Chemlock 290 avait été appliqué sur les parois intérieures de la boîte de distribution. Les vapeurs de solvants se sont enflammées lorsque le travailleur retirait la pellicule de polyéthylène protégeant la pellicule de caoutchouc conditionnée en rouleau (1,2 m largeur, 19 m longueur). La déflagration atteignit l’adhésif contenu dans un récipient placé sur le rebord de la boîte de distribution, éclaboussant le travailleur d’adhésif en flamme. Gravement brûlé, le travailleur est décédé quelques jours après l’accident. Les auteurs du rapport démontrent clairement que l’inflammation des vapeurs de solvants tire son origine de l’électricité statique causée par l’enlèvement de la pellicule protectrice sur la pellicule de caoutchouc. 

Les auteurs du rapport de la CNESST listent les articles du Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) qui devaient s’appliquer dans l’entreprise en question, notamment concernant la LIE, les sources d’inflammation, l’électricité statique, les espaces clos et la ventilation. L’entreprise a utilisé les adhésifs recommandés dans la fiche technique du fabricant de la pellicule de caoutchouc (Permobond RS-0013). Une analyse de substitution telle que celle proposée dans Solub aurait permis d’envisager un système d’adhésif moins dangereux que celui qui a mené au décès du travailleur. En outre, cette substitution aurait fait en sorte de répondre à l’exigence de l’article 39 du RSST concernant le remplacement des matières dangereuses par des matières qui ne le sont pas. La société Parker Lord, fabricant des adhésifs Chemlock, indique d’ailleurs sur son site Web qu’il existe des systèmes d’adhésifs en phase aqueuse pour le collage du caoutchouc sur le métal.