Un projet de substitution réalisé sans préparation peut mener à une mauvaise substitution.

En voici deux exemples :

A) Remplacer le TCE

B) Remplacer les hydrocarbures chlorés

C) Mauvaise substitution historique

A) REMPLACER LE TCE

Avant les années 1990, le 1,1,1-trichloréthane (TCA) était largement utilisé pour le dégraissage de pièces métalliques. Solvant relativement peu toxique, le TCA a été interdit au Canada en 1996 en raison de son effet destructeur sur la couche d’ozone stratosphérique. De nombreuses entreprises l’ont alors remplacé par le trichloréthylène (TCE), beaucoup plus toxique. La revue « Prévention au travail » a publié en 1999 une étude de cas (voir p. 40-41) dans laquelle les vapeurs de TCE sont simplement rejetées sans traitement dans l’air extérieur comme solution à un problème de surexposition des travailleurs dégraissant des pièces métalliques. Deux solutions inadéquates ont donc été choisies. Dans un premier temps le TCE a remplacé le TCA, solution facile qui ne nécessitait pas le remplacement de l’appareil de dégraissage, mais sans se soucier de la santé des utilisateurs. Dans un deuxième temps, on règle le problème de santé au travail, mais on génère de la pollution atmosphérique.

B) REMPLACER LES HYDROCARBURES CHLORÉS

En raison d’une réglementation environnementale visant l’élimination progressive des hydrocarbures chlorés dans le domaine de la réparation automobile en Californie, certains fabricants ont remplacé le tétrachloréthylène (perchloréthylène) dans les nettoyants à freins en aérosol (voir p. 1011-1013) par un mélange de solvants incluant le n-hexane, une substance notoirement neurotoxique. Cette substitution a malheureusement causé la survenue d’une neuropathie périphérique chez certains mécaniciens.

C) MAUVAISE SUBSTITUTION HISTORIQUE

Le chimiste et apothicaire Samuel Sturton (1812-1881) a peut-être été le premier au Québec à mettre en garde contre le danger d’une mauvaise substitution de solvant. Il publie en 1863 l’article suivant : Danger arising from the substitution of Benzole for Turpentine in Paint. Transactions of the Literary and Historical Society of Quebec 1, New Series (Part 1): 93-94. Cet article soulève le danger de remplacer la térébenthine (n0 CAS 8006-64-2) par le benzol dans les peintures. Le benzol désignait à l’époque les mélanges commerciaux de benzène et de ses homologues (toluène, xylènes) extraits par distillation de la houille. Sturton attire l’attention sur le risque d’incendie en raison de l’inflammabilité élevée du benzol comparativement à celle de la térébenthine, incriminant le solvant aromatique lors d’incendies dans des usines à Québec et à Montréal.