Jusqu’au 2 septembre 2025, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) procède à une consultation publique concernant certaines valeurs limites d’exposition professionnelle (VLE) des contaminants de l’air. Parmi les 21 substances faisant partie de l’exercice, le benzène pourrait passer des valeurs d’exposition admissible de 0,5 ppm (8h) et 2,5 ppm (15 min) à une seule valeur d’exposition admissible de 0,02 ppm (8h) dans le Règlement sur la santé et la sécurité du travail. Cette dernière valeur est celle recommandée par l’ACGIH depuis 2023 pour prévenir le syndrome myélodisplasique, la leucémie myéloblastique aiguë, la leucémie, les effets hématologiques et les dommages chromosomiques. La recommandation précédente de l’ACGIH établie en 1996 (0,5 ppm, 8h et 2,5 ppm, 15 min) visait à prévenir la leucémie.
De nos jours, le benzène est principalement utilisé comme intermédiaire réactionnel dans la synthèse d’autres substances organiques. On le retrouve également en faibles quantités dans divers mélanges comme l’essence automobile et certains solvants employés notamment pour le dégraissage de surfaces métalliques et la fabrication de peintures industrielles.
Au moins trois groupes de chercheurs aux États-Unis (Fedoruk et al. 2003, Hollins et al., 2013, Fries et al., 2018) ont évalué l’exposition professionnelle lors de l’utilisation de coupes pétrolières contaminées par le benzène dans divers contextes. Les auteurs rapportent des niveaux respectant l’ancienne recommandation de l’ACGIH (0,5 ppm, 8h). Cependant, dans certains cas, les niveaux mesurés dépasseraient maintenant la recommandation plus sévère de l’ACGIH.
Au Canada, l’exposition professionnelle aux contaminants de l’air des salariés dont l’employeur relève de la juridiction fédérale doit déjà respecter la plus récente recommandation de l’ACGIH pour le benzène. En effet, ces entreprises sont soumises au Règlement canadien sur la santé et la sécurité au travail dont l’article 10.19 stipule qu’aucun employé ne doit être exposé à une concentration d’un agent chimique dans l’air qui excède la TLV courante de l’ACGIH. À titre d’exemple, les techniciens qui ravitaillent les avions en carburant dans les aéroports, les mécaniciens des ateliers d’entretien des chemins de fer, des entreprises interprovinciales de transport routier et des services portuaires qui dégraissent des pièces métalliques sont actuellement soumis à la VLE (8h) de 0,02 ppm de benzène. En plus des employés de juridiction fédérale, tous les autres employés dans les provinces canadiennes de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador sont également soumis à cette VLE.
Les travailleurs utilisant des solvants susceptibles de contenir du benzène devraient faire l’objet de mesurage de leur exposition à ce cancérogène. En outre, au vu de la possibilité du passage du benzène dans l’organisme par la voie cutanée, la surveillance biologique de l’exposition pourrait être incluse dans le protocole d’évaluation de l’exposition. Dans le cas d’un dépassement de la VLE (8h) de 0,02 ppm de benzène, le remplacement du solvant contaminé serait recommandé en appliquant la démarche de substitution présentée dans Solub.