Les solvants sont utilisés dans de multiples secteurs industriels. Ils constituent une préoccupation majeure, puisqu’un grand nombre d’entre eux sont associés à des effets nocifs, tant pour la santé et la sécurité des travailleurs que pour l’environnement et la santé de la population générale. Plusieurs entreprises ont amorcé un virage vert, ce qui a donné naissance aux solvants qualifiés de verts, écologiques, biodégradables et durables. Or, il n’est pas toujours clair dans quelle mesure ces solvants verts sont effectivement respectueux de l’environnement ou sans danger pour ceux et celles qui y sont exposés. Cette recherche a permis de dresser le portrait des connaissances sur les aspects sanitaires, sécuritaires, environnementaux, techniques, réglementaires et normatifs des solvants qualifiés comme de verts.

Cette étude a permis de classer les solvants verts en catégories, d’après l’origine de leurs matières premières, comme les glucides et les lipides. Elle a aussi permis de décrire d’autres classes de solvants verts, comme les solvants eutectiques profonds (liquides obtenus en mélangeant des substances solides), les liquides ioniques (sels organiques fondus), les solvants commutables (résultant du bullage de gaz carbonique dans un liquide comme l’eau), l’eau et le dioxyde de carbone supercritiques. Elle traite également des certifications environnementales sous forme d’étiquettes, qui assurent l’impartialité dans l’évaluation des préparations commerciales contenant des solvants tout en garantissant des critères minimaux à satisfaire. La recherche a aussi identifié les lois et règlements portant sur les substances chimiques en milieu de travail, qui favorisent la substitution des solvants classiques par des solutions de rechange plus vertes.

Malgré les recherches, les solvants verts demeurent ardus à cerner. Comme la plupart ne sont pas sans danger pour les travailleurs, les chercheurs recommandent qu’une analyse des effets potentiels sur la santé et sur la sécurité des travailleurs soit effectuée dans tous projets de substitution, pour s’assurer de ne pas faire de transfert de risque d’une catégorie d’impacts à une autre. Pour ce faire, la démarche de substitution en neuf étapes, à la base de l’utilitaire Solub, demeure la méthode à appliquer, que l’on soit face à un solvant vert ou non.

Solvants verts : fondements, santé, sécurité, environnement et substitution ● Auteurs : Denis Bégin, Caroline Couture, Michel Gérin, Maximilien Debia, Département de santé environnementale et santé au travail, École de santé publique, Université de Montréal ● R-1089