Nous indiquions « L’IRSST offre désormais une méthode analytique pour le dosage de ce solvant halogéné dans l’air des lieux de travail ».

Or, des collaborateurs à la programmation de recherche substitution des solvants m’ont signalé qu’une méthode existait déjà à l’IRSST et ont même remarqué que des mesures de 1-bromopropane avaient déjà été publiées il y a plus de 20 ans, notamment dans le cadre d’un travail de recherche dont les résultats se retrouvent dans l’article suivant :

Mirza, T.; Gérin, M.; Bégin, D.; Drolet, D. (2000) A Study on the Substitution of Trichloroethylene as a Spot Remover in the Textile Industry. American Industrial Hygiene Association Journal 61(3):431-438. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10885896/

Les auteurs rapportent des niveaux d’exposition dans la zone respiratoire de travailleurs de l’industrie du textile de 43 à 118 mg/m³ (9 à 23 ppm).

D’autres résultats d’exposition professionnelle au Québec sont disponibles dans la monographie intitulée « Le 1-bromopropane et la substitution des solvants ».

  • « Un technicien en hygiène du travail d’un CLSC de l’Île de Montréal a rapporté en 1998 les résultats de mesurages de 1-BP dans la zone respiratoire de trois colleuses de mousse de polyuréthane. […] Les concentrations moyennes pondérées de 1-BP sur l’ensemble de la journée de travail pour chacune des colleuses étaient de 423 mg/m3 (84 ppm), 530 mg/m3 (105 ppm) et 636 mg/m3 (126 ppm) ». Référence : Tétrault, J. (juin 1998) Évaluation environnementale portant sur les concentrations de 1-bromopropane présentes dans l’entreprise xxx (non identifiée à la demande de l’employeur). Centre local de services communautaires de Montréal-Nord, Santé au travail, Montréal-Nord, QC.

Ces niveaux mesurés de plusieurs dizaines de ppm sont à mettre en perspective avec la norme (VEMP) qui sera en vigueur au Québec en 2024 de 0,5 mg/m³ soit 0,1 ppm !

Autre fait marquant, dès 2002, soit une année avant même la proposition de valeur limite d’exposition de l’ACGIH® d’une TLV-TWA de 10 ppm (2003) puis de 0,1 ppm en 2011 (adoptée en 2014), les auteurs de la monographie, Bégin et Gérin, concluaient que le solvant toxique 1-bromoprane n’était pas une option pour la substitution des solvants, favorisant ainsi la prévention:

  • « Considérant la toxicité potentielle du 1-BP sur le système nerveux et sur la reproduction chez l’humain, sa tension de vapeur élevée qui favorise sa migration dans l’air des locaux de travail, l’ambiguïté sur son point d’éclair et secondairement l’incertitude sur son PDO  [potentiel de déplétion de la couche d’ozone], les auteurs ne recommandent pas cette substance comme remplaçant des solvants chlorés traditionnels. […] D’autres solvants ou procédés doivent d’abord être envisagés avant d’utiliser cette substance. »

Santé Canada et Environnement et changement climatique Canada ont publié en mars 2022 une ébauche d’évaluation préalable en vertu de la LCPE concernant 4 halogénures d’alkyles incluant le 1-bromopropane.  En même temps, ils ont publié un cadre de gestion des risques pour le 1-bromopropane. pour le 1-bromopropane. On apprend notamment dans ces documents que le 1-bromopropane serait toujours utilisé au Canada dans certaines préparations commerciales, p. ex. aérosols de démoulage en silicone, aérosols de nettoyage pour appareils électroniques, produits de chasse d’air pour les systèmes de climatisation automobile. De plus, entre 1000 kg et 10 000 kg de 1-bromopropane auraient été synthétisés au Canada en 2008.

Ces informations valent évidemment la peine d’être rapportées et une attention particulière doit être immédiatement apportée s’il y a encore des utilisateurs de ce solvant au Québec.

Notre collègue Simon Aubin, de la Direction des laboratoires de l’IRSST, me faisait aussi remarquer que la Direction des laboratoires est la première référence à consulter pour la sélection d’une méthode d’évaluation de contaminants de l’air. En effet, les intervenants en hygiène du travail peuvent en tout temps consulter les fiches de plus de 700 substances sur le site Web de l’IRSST ou contacter le service à la clientèle des laboratoires pour vérifier si des méthodes sont disponibles pour ces substances, qu’elles soient réglementées ou non.  En ce qui concerne le 1-bromopropane, la méthode a été récemment actualisée de façon à répondre à la nouvelle norme qui sera en vigueur en 2024.

Merci aux collègues toujours vigilants aux informations rapportées dans Solub.

Maximilien Debia

Avec la collaboration de Daniel Drolet, Denis Bégin et Simon Aubin.