En décembre 2023, une sévère restriction concernant le solvant N,N-diméthylformamide (DMF) entrait en vigueur en Europe en raison de sa toxicité développementale. Il est désormais interdit de mettre sur le marché une préparation contenant du DMF en concentration égale ou supérieure à 0,3 % sans que les fabricants et les utilisateurs mettent en œuvre les moyens de maîtrise nécessaires à réduire l’exposition par inhalation en deçà de 6 mg/m3 et 1,1 mg/kg/jour pour l’exposition cutanée. Rappelons qu’au Québec, la valeur d’exposition admissible (VEA) était fixée jusqu’à récemment à 30 mg/m3 (8h), accompagnée d’une notation indiquant qu’une contribution significative à l’exposition totale est possible par la voie cutanée. La VEA québécoise est fixée à 15 mg/m3 (8h) depuis le 14 mars 2024, toujours accompagnée d’une notation concernant le contact cutané et avec l’ajout d’une notation selon laquelle la cancérogénicité de ce solvant est démontrée chez l’animal.
Il n’y a aucune réglementation au Canada limitant la concentration de DMF dans les préparations commerciales. Le DMF est notamment utilisé comme solvant dans la fabrication de polymères, produits pharmaceutiques et certains textiles. Le DMF est aussi présent dans certains décapants à peinture proposés pour remplacer les décapants classiques à base de dichlorométhane. Un fabricant montréalais indique même sur son site Web que son décapant à base de DMF est « non toxique », alors qu’en 2016 le Centre international de recherche sur le cancer classait le DMF comme probablement cancérogène pour l’humain.
Plusieurs équipes de recherche ont étudié le remplacement du DMF dans divers secteurs industriels. À titre d’exemple, le DMF est largement utilisé dans la fabrication du cuir synthétique à base de polyuréthane. En collaboration avec le fabricant Nike, des chercheurs du Berkeley Center for Green Chemistry de l’Université de Californie ont proposé cinq avenues différentes pour le remplacer.